grecs, une imitation, une transplantation pleine d’art et de respect, avouée, assortie, enchâssée ou greffée avec une habileté neuve et qui honore ; avec les vieux Latins, un butin de bonne prise, qu’on trouve dans le tiroir de la maison, un bien de famille dont on s’accommode à son gré, sans façon et sans gêne ; mais, dans l’un et l’autre cas, grande attention aux écrits des devanciers et à tout ce qu’on a de poëtes dans sa bibliothèque.
3° Virgile a l’érudition. Ce ne sont pas seulement les poëtes dans leurs beautés qu’il lit et relit, et qu’il sait par cœur, ce sont les auteurs plus spéciaux, les vieux historiens, ceux qui ont écrit sur les antiquités et les origines romaines obscures, qu’il consulte et qu’il possède essentiellement. On peut lui appliquer ce qu’Énée dit quelque part de son père Anchise, compulsant en idée les dires et les traditions des ancêtres :
Tum genitor veterum volvens monumenta virorum.
Il a fouillé dans les vieux titres et les monuments de l’antiquité romaine, et son poëme présente tout un fonds d’archéologie historique qui le rend des plus respectables à ceux
mêmes qui y cherchent autre chose encore que le charme
des tableaux et de la couleur, aux savants qui s’étudient à
retrouver l’Italie d’avant les Romains. Il est, dit-on, dans
les derniers livres de son Énéide le guide le plus sûr
encore pour tout ce qui est des anciens peuples latins. On
voit de plus par Macrobe combien les critiques latins érudits admiraient Virgile et y trouvaient quantité de choses
qu’ils s’exagéraient peut-être, sur ce qui était relatif au
droit des pontifes, au droit augurai ; ils le trouvaient si
exact et si scrupuleux dans le choix des termes, dans le
rituel des sacrifices, dans l’ordre et le détail des cérémonies, qu’ils disaient de lui qu’il aurait mérité d’être grand Pontife.
S’il savait l’agriculture comme le vieux Caton, il parais-