Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 11, 1838.djvu/388

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qu’il y a de meilleur pour vous plonger dans un profond sommeil. Et puisque Votre Seigneurie veut bien prendre la peine de la raconter, je resterai son tranquille et reconnaissant auditeur. — Anderson, dit lord Menteith, et vous, Sybbald, vous mourez d’envie, je suppose, d’entendre aussi l’histoire de cet homme singulier. Je crois devoir me rendre à votre curiosité, afin que vous sachiez à l’avenir comment vous conduire avec lui. Vous serez mieux près du feu. »

Ayant ainsi réuni un auditoire autour de lui, lord Menteith s’assit sur le bord du lit à quatre colonnes, tandis que le capitaine Dalgetty, essuyant les restes de l’eau-de-vie qui étaient dans sa barbe et dans ses moustaches, et répétant le premier verset du psaume luthérien, Alle guter geister loben den Herren[1], s’enfonça dans un des lits, et, sortant sa tête de dessous les couvertures, il écoula la narration de lord Menteith dans cet état de parfaite jouissance, moitié endormi, moitié éveillé.

« Le père des deux frères Angus et Allan Mac-Aulay, dit lord Menteith, était un gentilhomme de famille et de rang ; il était chef d’un clan de Highlanders d’une bonne réputation, quoique peu nombreux. Sa femme, la mère de ces deux jeunes gens, appartenait à une famille noble, si je puis parler ainsi, puisqu’elle était proche parente de la mienne. Son frère, jeune homme honorable et courageux, obtint du roi Jacques VI la place de forestier et d’autres privilèges dans une chasse royale près de ce château ; et en exerçant et défendant ses droits, il fut assez malheureux pour se prendre de querelle avec quelques-uns de nos pillards ou caterans des Highlands, dont je pense que vous avez entendu parler, capitaine Dalgetty. — Certainement, » dit le capitaine se soulevant pour répondre. « Avant que je quittasse le collège Mareschal, à Aberdeen, Dugal Garr faisait déjà le diable dans le Garioch, les Farquharsons sur les rives de la Dee, et le clan Chattan sur les terres des Gordons, et les Grants et les Camerons sur celles des Moray. Et depuis, comme j’ai vu les Cravates et les Pandours en Pannonie et en Transylvanie, les Cosaques des frontières de la Pologne, les voleurs, les bandits, les barbares de bien d’autres contrées, j’ai une idée exacte de vos brigands highlanders. — Le clan avec lequel l’oncle maternel de Mac-Aulay avait eu querelle, reprit lord Menteith, était une petite bande de brigands, appelés les Enfants du Brouillard, parce

  1. Tous les bons esprits louent le seigneur. a. m.