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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/135

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précédents, les disputes entre les clercs et les laïques se terminaient presque toujours alors à l’avantage des derniers. Il résolut d’éviter une nouvelle contestation en se retirant ; mais il n’oublia point de s’emparer d’abord du livre emporté la veille par le sacristain, et rapporté au vallon d’une manière si merveilleuse.

Édouard, le plus jeune des fils de la dame Elspeth, fit de fortes objections à l’enlèvement du livre, et Marie se serait probablement mise de la partie ; mais elle était en ce moment dans sa petite chambre à coucher, avec Tibbie, qui mettait en usage toute sa rustique éloquence pour consoler la jeune personne de la perte de sa mère. Mais le jeune Glendinning prit la défense des droits de Marie, et déclara, avec une fermeté qui jusqu’alors n’avait nullement fait partie de son caractère, que la bonne lady Avenel étant morte, le livre était à Marie, et que nulle autre personne que Marie ne l’aurait dans les mains.

« Mais, mon cher enfant, si c’est un livre qu’il ne faut pas que Marie lise, » dit le père Eustache avec beaucoup de douceur, « vous ne voudriez sûrement pas qu’il restât en sa possession.

— Sa mère le lisait, » répondit le jeune champion de la propriété, « par conséquent il ne peut être mauvais. Il ne sera point enlevé… Mais où est donc Halbert ? à écouter les rodomontades de ce fou de Christie, j’en suis sûr ; il ne respire que les combats, et maintenant il n’est pas ici.

— Comment, Édouard, dit Eustache, est-ce que vous voudriez vous battre contre moi, contre un prêtre, contre un vieillard ?

— Fussiez-vous aussi bon prêtre que le pape, et aussi vieux que les montagnes, vous n’emporterez pas le livre de Marie sans sa permission, et je combattrai pour le défendre.

— Mais remarquez, mon petit ami, » dit le moine, qui s’amusait beaucoup de voir l’air résolu avec lequel l’enfant défendait les droits de son amie, » remarquez que je ne l’enlève point ; je ne fais que l’emprunter, et je laisse à la place mon beau missel pour gage de mon intention de le rapporter. »

Édouard ouvrit le missel avec une vive curiosité, et jeta un coup d’œil sur les images dont il était orné. « Saint George et le Dragon ? dit-il, Halbert aimera cela ; et saint Michel brandissant son épée sur la tête du malin Esprit ? Cela est encore bon pour Halbert. Ah ! voilà saint Jean, conduisant son agneau dans le désert avec sa petite croix de roseau, son havresac et son bâton ; celle-ci sera mon image favorite. Et où on trouverons-nous une