Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
CHAPITRE XIX.


l’aiguille mystérieuse.


Maintenant choisis, mon brave, entre les richesses et l’honneur ; voici de l’or pour te conduire parmi les danses de la jeunesse et le tumulte de l’âge mûr, et il t’en restera assez pour le coin de la cheminée de ta vieillesse, mais en le prenant, adieu l’ambition, adieu toutes les espérances de rehausser ta condition et d’élever ton rang obscur au dessus de celui du paysan qui laboure la terre pour gagner son pain.
Ancienne comédie.


Il est nécessaire d’entrer dans quelques détails sur le jeune Glendinning, avant de décrire son entrevue avec l’abbé de Sainte-Marie dans cette crise momentanée de sa vie.

Halbert avait environ dix-neuf ans ; il était grand, élancé, et son activité surpassait sa force ; cependant l’organisation de ses membres et de ses nerfs promettait une grande vigueur lorsque sa jeunesse serait un peu mûrie et le travail de la nature terminé. Sa taille était parfaite, et, comme presque tous les hommes qui sont doués de cet avantage, ses manières et son abord avaient une grâce et une aisance naturelles, qui empêchaient de remarquer la hauteur de sa stature la première fois qu’on le voyait. Ce n’était qu’en le comparant avec ceux qui l’entouraient, qu’il devenait sensible que le jeune Glendinning avait six pieds de haut[1]. Avec tant d’avantages extérieurs, relevés de beaucoup de grâces, le jeune héritier de Glendearg, malgré sa rustique naissance et son éducation champêtre, écrasait entièrement Piercy Shafton, dont la stature était petite, et dont les membres, auxquels on ne pouvait pas trouver de défauts particuliers, étaient cependant bien inférieurs à la perfection de ceux d’Halbert. Sir Piercy avait néanmoins une belle figure, qui effaçait la physionomie de l’Écossais, d’autant que la régularité des traits et l’éclat du teint pouvaient sembler préférables à une figure plutôt fortement prononcée que belle, hâlée par le soleil, qui avait fait disparaître le rose et le blanc

  1. Le pied anglais équivaut à onze pouces de France. a. m.