sive. Mais l’horrible fureur de l’assaillant trompa son attente, comme il arrive souvent ; il poussa une botte désespérée que Halbert Glendinning évita, et avant que le chevalier fût redevenu maître de son épée, il riposta par une ferme stoccata, qui lui perça le corps d’outre en outre. Sir Piercy Shafton tomba baigné dans son sang.
Je crois qu’il est peu de duellistes heureux (si l’on peut donner le titre d’heureux à une supériorité si fatale) qui aient vu leur mortel ennemi à leurs pieds étendu sur la terre, sans désirer de racheter de leur propre sang le sang qu’ils venaient de répandre. Cette indifférence était encore plus loin du cœur de Halbert Glendinning, qui, n’étant pas habitué à la vue du sang humain, fut non seulement accablé de chagrin, mais frappé de terreur lorsqu’il vit sir Piercy Shafton gisant devant lui sur le gazon, et vomissant le sang comme s’il était chassé par une pompe aspirante. Il jeta son épée toute sanglante, et se hâta de s’agenouiller pour soutenir sa victime, essayant en même-temps, mais en vain, d’étancher le sang de sa blessure, qui semblait couler plus intérieurement qu’à l’extérieur.
L’infortuné chevalier parlait par intervalle, lorsque ses douleurs le lui permettaient ; et ses paroles, à peine intelligibles avaient encore l’empreinte de ce caractère affecté, mais non sans générosité.
« Très-rustique jeune homme, dit-il, ta fortune a été plus forte que la science de la chevalerie, et l’Audace a renversé la condescendance, de même que l’épervier a parfois poursuivi et vaincu