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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/366

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pouvait la lever à volonté. Marie Avenel souleva la planche et fut étonnée de trouver là-dessous le livre noir qu’elle se rappelait bien avoir été l’objet unique de l’étude de sa mère ; elle en prit aussitôt possession avec autant de joie que sa situation présente la laissait capable d’en ressentir.

Ignorant ce qu’il contenait, Marie Avenel avait été instruite dès son enfance à avoir pour ce livre une vénération sacrée. Il est probable que la défunte épouse de Walter Avenel ne se proposait pas d’initier sa fille aux mystères de la parole divine avant que l’enfant fût en état de comprendre les leçons que renfermait le livre saint, et le danger que l’on courait alors à l’étudier. La mort était venue la surprendre avant que les temps devinssent favorables aux réformateurs, et avant que sa fille fût assez avancée en âge pour recevoir sur la religion des préceptes d’une telle importance. Mais dans son amour maternel elle avait préparé ses matériaux pour l’ouvrage qu’elle avait le plus à cœur en ce monde. Elle avait inséré dans son livre, des feuilles détachées, sur lesquelles, au moyen des renvois et des comparaisons de passages de l’Écriture sainte, elle faisait ressortir les erreurs et les inventions humaines par lesquelles l’Église catholique avait défiguré l’édifice du christianisme, si simplement élevé par son divin fondateur. Ces matières de controverse étaient traitées avec une modération et une charité chrétiennes qui auraient pu servir d’exemple aux théologiens de ce temps ; et les raisonnements en étaient simples, clairs, sans sophismes, et appuyés des preuves et des citations nécessaires. Il y avait encore dans ce livre d’autres papiers qui n’avaient nul rapport aux discussions religieuses ; ce n’était que les effusions d’une âme pieuse qui s’entretient avec elle-même. Dans le nombre de ces prières, il y en avait une qui paraissait avoir été plus souvent méditée, ce qu’on reconnaissait à l’état du manuscrit, et sur laquelle la mère de Marie avait transcrit et rapproché les uns des autres ces passages consolants auxquels l’âme a recours dans l’affliction, et tout ce qui peut augmenter notre confiance en la miséricorde et la protection promises aux enfants de l’Évangile. Dans la situation d’esprit où se trouvait Marie, son attention se porta plus particulièrement vers ces leçons qui, dictées par une main si chère, lui étaient parvenues en un moment si critique et d’une manière qui annonçait tant d’amour. Elle lut avec attendrissement la promesse : « Je serai toujours avec toi et je ne t’abandonnerai jamais ; » et l’exhortation