Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le bienvenu, grand bien lui fasse ! ajouta le gardien des ruines du monastère ; il n’en manque pas, Dieu merci ! mais s’il se trouve des ciboires, des calices, ou autres vases d’or ou d’argent à l’usage des papistes, que le diable m’emporte si je souffre qu’on en déplace la moindre pièce ! »

Le sacristain stipula en même temps que nos recherches auraient lieu pendant la nuit, parce qu’il ne voulait pas attirer l’attention, non plus que causer le moindre scandale.

Ma nouvelle connaissance et moi nous passâmes la journée comme il convenait à deux amateurs de la vénérable antiquité. Nous employâmes la matinée à visiter dans le plus grand détail jusqu’au moindre coin de ces ruines magnifiques, et dans l’après-midi, après avoir fait un dîner confortable chez David, nous parcourûmes tout le voisinage, pour voir les lieux que les anciennes traditions ou les conjectures modernes rendaient dignes de remarque. La nuit nous trouva au milieu des ruines, accompagnés du sacristain, qui s’était muni d’une lanterne sourde ; nous trébuchions alternativement sur les fragments tombés du haut des voûtes et sur les sépulcres des morts, qui sans doute avaient espéré que ces coupoles ombrageraient leurs cendres jusqu’au jugement dernier.

Je ne suis pas superstitieux, et cependant il y avait dans cette expédition nocturne quelque chose que je n’aimais pas du tout ; une crainte religieuse me reprochait de troubler, à une pareille heure et en pareil lieu, la muette sainteté des tombeaux. Mes compagnons étaient exempts de cette impression, l’étranger par le zèle ardent avec lequel il cherchait à remplir l’objet de son voyage, et le sacristain, par son indifférence, fruit de l’habitude. Ils parvinrent bientôt à la partie de la nef qui, comme l’assurait l’étranger, contenait les restes de la famille de Glendinning, et ils s’occupèrent avec ardeur à débarrasser le coin indiqué par le bénédictin des décombres qui en obstruaient les approches. Si le capitaine à demi-solde avait pu représenter un ancien chevalier des frontières, et l’ex-bénédictin du dix-neuvième siècle un magicien cloîtré du seizième, on aurait pu dire avec assez de justesse que nous répétions la scène de la recherche de la lampe et du livre de magie de Michel Scott[1] ; mais alors le sacristain se fût trouvé de trop dans le groupe.

L’étranger, aidé par le sacristain, n’était pas depuis long-temps

  1. Voir le Lai du ménestrel. a. m.