Aller au contenu

Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 13, 1838.djvu/86

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Hélas ! que peut-il chercher ? dit la dame d’Avenel, car cet homme, qui lui apportait quelquefois les messages du frère de son mari, était pour elle un objet d’appréhension secrète et de méfiance. « Juste ciel ! » s’écria-t-elle en se levant, « où est mon enfant ? » Tous se précipitèrent vers le spence ; Halbert Glendinning s’arma d’une épée rouillée, et son frère se saisit du livre d’Alice. En arrivant, ils furent soulagés d’une partie de leur anxiété, Marie était à la porte de l’appartement. Elle ne paraissait nullement alarmée ni troublée. Ils entrèrent dans le spence, sorte d’appartement intérieur, dans lequel la famille prenait ses repas en été ; mais il n’y avait personne.

« Où est Christie de Clint-Hill ? demanda Martin.

— Je n’en sais rien, répondit la petite Marie ; je ne l’ai pas vu.

— Et d’où vient, petits mauvais sujets, » dit la dame Elspeth à ses deux fils, » que vous êtes accourus dans la salle, beuglant comme des taureaux, pour effrayer milady et toute la compagnie ? »

Les enfants se regardèrent l’un l’autre d’un air confus et en gardant le silence, pendant que la mère continuait sa réprimande. « Ne pouviez-vous choisir une autre soirée que la veille de la Toussaint pour venir nous faire peur, ou d’autre moment que celui où milady nous lisait quelque chose sur les bienheureux saints ? Puissé-je ne jamais me servir de mes doigts si je ne vous bats tous les deux pour cela ! » L’aîné baissa les yeux, le cadet se mit à pleurer, mais sans prononcer une syllabe, et la mère allait en venir aux extrémités sans l’intervention de la petite fille.

« Dame Elspeth, dit-elle, c’est ma faute ; c’est moi qui leur ai dit que je voyais un homme dans le spence.

— Et pourquoi avez-vous fait cela, mon enfant. Pourquoi ? lui dit sa mère, nous avez-vous causé une si grande frayeur ?

— Parce que, » répondit Marie, en baissant la voix, « je n’ai pu m’en empêcher.

— Vous n’avez pu vous en empêcher, Marie ? Vous avez occasioné tout ce vain tumulte, et vous n’avez pu vous en empêcher ! Qu’entendez-vous par là ? ma mignonne ?

— Il y avait réellement un homme armé dans le spence, dit Marie ; et parce que j’ai été surprise de le voir, je l’ai dit à Halbert et à Édouard…

— Elle l’a dit elle-même, dit Halbert Glendinning ; moi je n’en aurais jamais parlé.

— Ni moi non plus, » dit Édouard, pour seconder son frère.