Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/282

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Lorsque Mertoun approcha de la chapelle, il s’arrangea peu à peu, et peut-être sans beaucoup de préméditation, de manière à éviter d’être vu lui-même, jusqu’à ce qu’il se trouvât sous les murs du cimetière, et il y arriva par le côté où le sable, enlevé par les tourbillons, laissait, comme nous l’avons vu, les sépultures à découvert.

Là, regardant par une des brèches que le temps avait faites au mur, il aperçut la femme qu’il cherchait livrée à une occupation qui se rapportait bien aux idées vulgairement reçues sur son caractère, et qui d’ailleurs était passablement surprenante.

Elle travaillait au bas d’un monument grossier, dont un côté représentait l’effigie imparfaite d’un chevalier, tandis que de l’autre on voyait un bouclier avec des armoiries, mais trop dégradées pour être intelligibles ; cet écusson était attaché à l’un des angles, contrairement à la coutume moderne, qui les place droits et de face. Au pied de cette tombe, on croyait, et Mertoun l’avait entendu dire, que reposaient les os de Ribolt Troil, un des ancêtres les plus reculés de Magnus, et guerrier fameux pour ses hauts faits d’armes dans le quinzième siècle. Norna de Fitful-Head semblait occupée à enlever le sable qui recouvrait la tombe de ce guerrier, travail facile dans un endroit où il était si léger ; aussi était-il évident qu’elle aurait bientôt réussi à achever ce qu’avaient commencé les tourbillons, et à découvrir entièrement les os qui gisaient là enterrés. Tout en travaillant, elle murmurait un chant magique ; car sans vers runiques on n’accomplissait aucune des cérémonies superstitieuses du Nord. Nous avons peut-être conservé trop d’exemples de ces incantations ; mais nous ne pouvons nous abstenir d’essayer encore de traduire celle qui suit :

Sous cette pierre Troïl dort :
Là dort tant de vertu guerrière.
Grâce aux vents, l’asile de mort
N’est plus caché sous la poussière.
Troïl, quel guerrier, toi vivant,
Eût osé toucher ton armure ?
Voilà qu’une femme, un enfant,
Peut insulter ta sépulture !
Pourtant, ne sois point en courroux :
Respectant le tombeau que j’ouvre.
J’y coupe humblement, à genoux,
Un peu du plomb qui te recouvre.
Pour l’œuvre, en ma main a brillé