Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 16, 1838.djvu/332

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vint à souffler de terre tout-à-coup, je n’ai pu lâcher l’écoute et jouer du violon en même temps ; mais en voilà assez sur ce chapitre. L’eau salée ne nuit jamais à un Shetlandais, pourvu qu’il s’en tire ; et, grâce au ciel, nous n’étions pas éloignés du bord de la longueur d’un homme. Nous avons été assez heureux pour rencontrer ce skio, nous aurions été passablement avec un abri et du feu ; mais nous voilà beaucoup plus que bien, grâce à vos bonnes provisions et à votre aimable compagnie. Mais il se fait tard : Nuit et Jour doivent avoir une envie de dormir aussi vive que peut l’inspirer le vieux Minuit. Nous avons là une espèce de crèche où dorment les pêcheurs ; elle sent un peu le poisson, mais c’est une odeur salubre. Les dames s’y logeront en s’entortillant des manteaux que nous pouvons avoir ; nous, après un verre d’eau-de-vie, une tirade du glorieux John, ou quelque petite pièce de moi, nous dormirons aussi profondément que des marmottes. — Deux verres d’eau-de-vie, s’il vous plaît, répliqua l’udaller, si notre flacon n’est pas vide… Mais pour cette nuit, pas un vers du glorieux John ni de personne autre ! »

Quand cette clause fut arrêtée, d’après le bon plaisir de l’impérieux udaller, toute la compagnie se disposa à dormir. On dormit, et le lendemain matin on s’en retourna chacun chez soi. Claude Halcro convint avec l’udaller qu’il accompagnerait Magnus et ses filles dans leur voyage de Kirkwall.




CHAPITRE XXXI.

le pirate.


Par cette main, tu me crois aussi bien marqué que toi et Falstaff sur le livre du diable, pour obstination et entêtement. Que l’homme se reconnaisse par sa fin… Et pourtant je peux te le dire à toi (comme à celui qu’il me plaît, faute d’un meilleur, d’appeler mon ami), j’en pourrais avoir du chagrin, et beaucoup de chagrin encore.
Shakspeare. Henri IV, partie ii.


Il faut maintenant que nous transportions le théâtre de l’action, des îles Shetland aux îles Orcades, et que nous priions nos lecteurs de nous accompagner sur les ruines d’un édifice élégant, quoique d’un ancien style, nommé Palais du Comte. Ces restes, ravagés par le temps, existent encore dans le voisinage de l’église massive et vénérable que la dévotion norwégienne a dédiée à saint Magnus