Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/333

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CHAPITRE XXVI.

LA DÉLIVRANCE.


Nécessité, toi le plus prompt des pacificateurs et la plus sûre inspiratrice des inventions, aide-nous dans cette conjoncture difficile.
Anonyme.


Tant que le feu dura, les deux partis travaillèrent activement avec le plus grand accord, de même que les factions des Juifs pendant le siège de Jérusalem, lorsqu’elles étaient forcées de se réunir pour repousser un assaut. Mais quand le dernier seau d’eau eut tombé en frémissant sur les brandons qui brûlaient encore, le sentiment d’hostilité mutuelle, suspendu par le danger commun, se ralluma à son tour, et les deux partis, réunis un moment, se rangèrent de chaque côté du vestibule et reprirent les armes, comme pour renouveler le combat.

Bridgenorth prévint cette hostilité renaissante. « Julien Peveril, dit-il, tu es libre de marcher dans tel chemin qu’il te plaira, puisque tu ne veux pas suivre avec moi la route la plus sûre et la plus honorable ; mais si tu veux écouter mes conseils, tu t’éloigneras des îles Britanniques. — Ralph Bridgenorth, » dit un de ses amis, « tu agis d’une manière faible et coupable, en retirant ton bras du combat pour défendre contre les fils de Bélial le captif que tu dois à ton arc et à ton glaive. À coup sûr, nous sommes en assez grand nombre pour les combattre avec cette confiance que donne une bonne cause, et nous ne devons pas nous dessaisir de ce rejeton du vieux serpent, sans avoir essayé s’il plaira au Seigneur de nous accorder la victoire. »

Un murmure de grave approbation suivit ces paroles, et, sans l’intervention de Ganlesse, le combat aurait sans doute recommencé. Il prit l’avocat de la guerre dans une embrasure de fenêtre, et sut le convaincre si complètement, que ce dernier, s’étant retourné vers ses compagnons, leur dit : « Notre ami a si bien discuté cette affaire, que, tout considéré, je crois, puisqu’il est du même avis que le digne major Bridgenorth, qu’on peut rendre la liberté à ce jeune homme. » Aucune autre objection n’ayant été faite, il ne resta plus à Julien qu’à remercier et récompenser ceux qui avaient montré tant d’empressement à le secourir. Il obtint d’abord de Bridgenorth une promesse d’amnistie pour les fauteurs de l’émeute, puis il leur exprima sa reconnaissance en peu de