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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/510

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comme on dit en français… À l’enseigne de la Brebis d’or, et l’avait invité à déjeuner avec elle. Elle lui avait dit ensuite que, sachant qu’il possédait la confiance des jésuites, elle avait résolu, elle aussi, de lui confier ses secrets. Elle avait ensuite tiré de son sein un large couteau, bien affilé, semblable à ceux dont se servent les bouchers pour tuer les moutons, et lui avait demandé comment il le trouvait pour l’affaire en question. Le témoin lui ayant demandé quelle était cette affaire, la comtesse lui avait donné sur les doigts un coup de son éventail, en le traitant d’esprit borné, et lui avait dit que ce couteau était destiné à tuer le roi. »

Sir Geoffrey ne put contenir plus long-temps son indignation et sa surprise. « Merci du ciel ! s’écria-t-il, a-t-on jamais vu des dames de qualité porter des couteaux de boucher sur elles, et dire au premier venu qu’elles comptaient s’en servir pour tuer le roi ? Messieurs du jury, croyez-vous que cela soit vraisemblable ? Si ce misérable peut faire attester par un témoin honnête que lady Derby a dit à un tel manant les folies qu’il vient de lui prêter, je consens à croire tout ce qu’il voudra débiter ensuite. — Sir Geoffrey, dit le président, tenez-vous en repos. Vous ne devez point prendre la parole. La colère ne peut que nuire à votre défense. Témoin, continuez. »

Le docteur Oates ajouta que la comtesse s’était plainte des injustices que la maison de Derby avait essuyées de la part du roi, de l’oppression de la religion ; qu’elle s’était vantée des projets des jésuites et des prêtres de ce séminaire, en ajoutant qu’ils auraient pour auxiliaire son noble cousin de la maison de Stanley. Il termina en déclarant que les révérends pères et la comtesse avaient grande confiance dans les talents et le courage de sir Peveril et de son fils, le dernier desquels faisait partie de la maison de la comtesse. Quant à Hudson, il se souvenait seulement d’avoir entendu dire par un des pères que, quoique nain par sa stature, il se montrerait géant pour la cause de l’Église.

Quand il eut achevé sa déposition, il y eut un moment de silence. Le juge lui demanda alors, comme si cette pensée lui fût venue tout d’un coup, s’il avait jamais fait mention de la comtesse de Derby dans aucune de ses dépositions, soit devant le conseil privé, soit ailleurs, relativement à cette affaire.

Oates parut surpris de cette question, et rougit de colère. Il répondit avec la prononciation qui lui était particulière : « Mais