Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/512

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le moindre doute sur les dépositions qu’il lui plaisait de faire devant les cours de justice ; et ce fut peut-être pour la première fois que, parmi les avocats et les procureurs, les étudiants en droit et les clercs qui étaient présents, s’éleva un murmure distinct et manifeste, défavorable à la réputation de l’illustre père du complot papiste.

Everett et Dangerfield, avec qui le lecteur a déjà fait connaissance, furent alors appelés tour à tour pour soutenir l’accusation. Ce n’étaient que des délateurs subalternes, espèces d’agents secondaires qui poussaient la roue lorsqu’elle tournait, qui suivaient le sentier qu’avait pris Oates avec toute la déférence due à son génie supérieur et à son esprit inventif, et qui avaient soin de mettre leurs dépositions mensongères en harmonie avec les siennes, aussi bien que leur talent le leur permettait. Mais comme leur témoignage n’avait en aucune occasion obtenu la pleine confiance qu’Oates était parvenu, grâce à son impudence, à inspirer au public, ils commencèrent alors à tomber en discrédit plus promptement que leur prototype, de même que les tourelles construites sur un bâtiment peu solide sont naturellement les premières à crouler.

Ce fut en vain qu’Everett avec la précision d’un hypocrite, et Dangerfield avec l’audace d’un spadassin, racontèrent, en y ajoutant mille circonstances défavorables, leur rencontre avec Julien Peveril à Liverpool, puis au château de Martindale. Ce fut en vain qu’ils décrivirent les armes et les équipements qu’ils prétendirent avoir découverts dans le vieux manoir de sir Geoffrey, et qu’ils firent un épouvantable récit de la manière dont le jeune Peveril s’était échappé de Moultrassie-House à main armée.

Le jury écouta froidement, et il était visible que l’accusation ne l’avait guère ému ; d’autant plus que le juge, toujours en déclarant qu’il croyait au complot, et en assurant de son zèle pour la religion protestante, leur rappelait de temps à autre que des présomptions n’étaient pas des preuves, qu’un ouï-dire n’était pas une certitude, que ceux qui faisaient métier de découvrir les conspirateurs pouvaient être aidés dans leurs recherches par l’invention, et que sans douter du crime des malheureuses gens amenés à la barre, il entendrait avec plaisir articuler contre eux quelque preuve d’une nature différente. « Voici qu’on nous parle d’une lutte, d’une évasion effectuée par le jeune Peveril lorsqu’il était retenu dans la maison d’un digne et grave magistrat, connu,