maintenant impossible de perdre votre chemin avec un tel guide devant vos yeux. »
En parlant ainsi, il détourna son cheval sans plus d’adieux, et s’en alla rejoindre sa maîtresse et les gens de sa troupe.
Les yeux de Philipson restèrent un instant fixés sur le petit groupe, mais bientôt rappelé au sentiment de sa situation par le souvenir de son père, il fit avancer son superbe coursier et gagna l’hôtellerie du Cerf-Volant.
CHAPITRE XXIV.
LA MENDIANTE.
L’hôtellerie du Cerf-Volant, à Strasbourg, était, comme toutes les auberges de l’empire à cette époque, dirigée avec la même inattention impolie pour tous les besoins et les commodités des voyageurs, que celle de John Mengs. Mais l’air jeune et bon d’Arthur Philipson, circonstance qui manque rarement ou jamais de produire quelque effet lorsque le beau sexe est de la partie, détermina une jeune personne, courte de taille, potelée, aux joues à fossettes, aux yeux bleus, à la peau blanche, fille de l’hôte du Cerf-Volant, lequel était lui-même un gros vieillard cloué sur le fauteuil de chêne du stube, à se comporter à l’égard du jeune Anglais avec une sorte de complaisance qui, dans la race privilégiée à laquelle elle appartenait, était une espèce de dégradation. Elle mit non seulement ses minces brodequins et ses jolis pieds en danger d’être salis en traversant la cour, afin de montrer au voyageur une écurie non encore occupée, mais aussi lorsqu’Arthur lui demanda des nouvelles de son père, elle eut la condescendance de se rappeler qu’un hôte semblable à celui qu’il dépeignait était venu loger dans la maison la nuit dernière, et avait dit qu’il s’attendait à y rencontrer un jeune homme, son compagnon de voyage.
« Je vais vous l’envoyer, mon beau monsieur, » dit la jeune fille avec un sourire qui, si les choses de ce genre sont d’autant plus