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Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 23, 1838.djvu/118

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rang ; et, de même que son royal frère, il ne portait d’armes d’aucune espèce ; seulement un étui, renfermant plusieurs petits poignards, tenait à sa ceinture la place ordinairement occupée par une dague en l’absence d’une épée.

À l’entrée du duc, le prieur, après une profonde révérence, se retira respectueusement dans un endroit reculé de l’appartement, à quelque distance du siège royal, pour laisser aux deux frères la liberté de s’entretenir sans être gênés par la présence d’une troisième personne. Il est nécessaire de dire que cet endroit était un enfoncement formé par une fenêtre de la façade intérieure des bâtiments monastiques, appelés le Palais, parce qu’ils étaient souvent la résidence des rois d’Écosse ; bâtiments où le prieur logeait dans les temps ordinaires. La fenêtre était située au-dessus de l’entrée principale des appartements royaux, et de là la vue dominait sur le quadrangle intérieur du couvent, formé à droite par le prolongement de la magnifique église, à gauche par un bâtiment où se trouvaient la suite des cellules, le réfectoire, la salle du chapitre et d’autres appartements au-dessous ; car le couvent proprement dit ne dépendait en aucune façon de l’espace occupé par le roi Robert et ses gens. Une quatrième rangée de bâtiments, qui déployaient une noble façade extérieure au soleil levant, renfermait un vaste hospitium pour la réception des étrangers et des pèlerins, et d’autres pièces moins importantes, telles qu’offices, greniers et magasins pour les immenses provisions qui entretenaient la magnifique hospitalité des pères dominicains. En venant de l’intérieur du quadrangle, on trouvait un haut portail placé à l’extrémité d’un passage qui traversait le bâtiment oriental. Ce passage était précisément opposé à la fenêtre où se tenait le prieur Anselme, de manière qu’il voyait sous la voûte, faiblement éclairée par la porte de l’Est qui se trouvait ouverte. Mais, à cause de la hauteur d’où il regardait et de la longueur de ce passage, son œil ne pouvait atteindre qu’imparfaitement le portail extérieur. Il est nécessaire de bien connaître ces localités. Nous revenons à la conversation entre les deux illustres parents.

« Mon cher frère, » dit le roi en relevant le duc d’Albany qui se baissait pour lui baiser la main ; « mon très-cher frère, pourquoi ce cérémonial ? Ne sommes-nous pas tous deux fils du même Stuart d’Écosse et de la même Élisabeth More ? — Je ne l’ai point oublié, » dit Albany en se relevant ; « mais je ne dois pas oublier,