Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 24, 1838.djvu/39

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de cheveux, faisait reconnaître pour un musulman, « si nous ne regardions pas l’argent comme un stimulant suffisant pour nous faire agir, puisque l’or ne se peut obtenir. Et, par la foi d’un honnête homme, je crois que nous pourrions à peine dire sa couleur, car voilà bien des lunes que nous n’en avons vu sortir du trésor impérial, ou que nous n’en avons obtenu aux dépens de quelque particulier. — Tu verras aujourd’hui de l’argent de tes propres yeux, reprit le centurion, et tu l’entendras sonner dans la bourse qui renferme notre trésor commun. — Qui le renfermait, vous voulez dire sans doute, vaillant commandant, » répliqua un garde d’un rang inférieur. « Mais que contient cette bourse maintenant ? Rien, si ce n’est quelques misérables oboles pour acheter certaines herbes confites et du poisson salé, afin de rendre plus buvable notre ration de vin falsifié. D’honneur, je donne volontiers au diable ma part de cet argent, si notre bourse renferme la moindre chose qui soit d’un autre siècle que le siècle d’airain. — Je remplirai notre trésor, dit le centurion, fût-il encore plus à sec. Placez-vous près du guichet mes maîtres ; songez que nous sommes la garde impériale, ou la garde de la ville impériale, ce qui est la même chose, et ne laissons passer trop vite personne devant nous. Et maintenant que nous voilà sur nos gardes, je vais vous développer… Mais un moment, sommes-nous tous ici de vrais frères ? connaissez-vous bien les anciennes et louables coutumes de notre garde ? Ces lois qui nous enjoignent de garder le secret le plus inviolable sur tout ce qui concerne le profit et l’avantage de notre corps, et d’aider et de favoriser la cause commune sans délation, sans trahison ? — Vous êtes étrangement soupçonneux ce soir répondit la sentinelle ; il me semble que nous vous avons soutenu sans avoir jamais rien révélé, et cela dans des circonstances plus importantes que celle-ci. Avez-vous oublié le passage du joaillier ? Ce n’était ni l’âge d’or ni l’âge d’argent, mais s’il y en eut jamais un de diamant… — Paix ! paix ! bon Ismaïl, l’infidèle (car, Dieu merci ! nous avons ici des gens de toutes les religions : aussi devons-nous espérer que nous avons la véritable parmi nous) ; paix, te dis-je ; il est inutile de divulguer les anciens secrets pour prouver que tu veux garder les nouveaux. Viens ici ; regarde à travers ce guichet sur le banc de pierre dans l’ombre du grand porche. Dis-moi, vieux camarade, que vois-tu là ? — Un homme endormi, répondit Ismaïl. De par le ciel, je crois, d’après ce que j’aperçois à la clarté de la lune, que c’est un de ces barbares, un de ces chiens d’insulaires par les-