Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/14

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nous assurer un bon accueil, de passer le peigne dans nos cheveux, vous comprenez enfin. — Ah ! madame, s’il ne s’agissait pas de sir John de Walton, je me hasarderais à vous répondre qu’une chevelure en désordre, et un air plus effronté que ne peut l’être celui de Votre Seigneurie, seraient un déguisement fort convenable pour le rôle de fils d’un ménestrel que vous désirez remplir dans la fête qui se prépare. — Comment souffrez-vous en effet que vos jeunes élèves soient si malpropres et si effrontés, Bertram ? Quant à moi, je ne les imiterai pas en ce point ; et que sir John soit actuellement au château de Douglas ou se trouve absent, je me présenterai devant les soldats qui remplissent les honorables fonctions de portier, le visage rafraîchi et la chevelure quelque peu en ordre. Quant à m’en retourner sans avoir vu un château qui m’apparaît presque dans tous mes rêves… Bref, Bertram, tu peux t’en aller, mais je ne te suivrai pas. — Et si jamais je quitte Votre Seigneurie dans une pareille situation, à présent surtout que votre fantaisie est si près de se trouver satisfaite, il faudra que le diable, oui, le diable en personne, m’arrache d’auprès de vous. Revenons au logement : non loin d’ici est située la maison d’un certain Tom Dickson de Hazelside, un des plus honnêtes habitants de la vallée ; quoique simple cultivateur, il occupait parmi les guerriers, lorsque j’étais dans ce pays, un rang aussi haut que les plus nobles gentilshommes ralliés autour des drapeaux de Douglas. — Il est donc soldat ? — Lorsque son pays ou son seigneur a besoin de son épée… et, à vrai dire, on jouit rarement ici des douceurs de la paix. D’ailleurs, il n’a d’ennemis personnels que les loups qui viennent attaquer ses troupeaux. — Mais n’oublie pas, mon fidèle guide, que le sang qui coule dans nos veines est anglais, et que par conséquent nous devons redouter tous ceux qui se proclament ennemis de la Croix-Rouge. — Ne craignez rien de cet homme. Vous pouvez vous fier à lui comme au plus digne chevalier et gentilhomme du monde. Il nous sera facile de le décider à nous recevoir avec une contredanse ou une chanson ; et ceci peut vous rappeler que j’ai la résolution, pourvu que Votre Seigneurie le veuille bien, de me plier un peu au goût des Écossais. Les pauvres gens aiment tant la musique ! n’eussent-ils qu’un sou d’argent[1], ils le donneraient volontiers pour encourager la gaie science. Ah ! je vous promets qu’ils nous accueilleront comme si nous étions nés sur leurs sauvages montagnes ; et pour toutes les commodités que pourra fournir la maison

  1. Silver penny, dit le texte. a. m.