CHAPITRE X.
RESSOURCES.
Les événements que nous venons de retracer arrivèrent un lundi, et il se passa par conséquent deux jours entre cette époque et celle où la fleur de la société de Saint-Ronan devait se réunir chez le laird du manoir. Clara s’étant obstinée à se tenir renfermée chez elle le mardi et le mercredi, et son frère n’ayant pu ni par menaces ni par flatterie obtenir aucune lumière sur ce qu’il conviendrait de faire le jeudi, tout le soin des préparatifs retomba nécessairement sur lui. Ce n’était pas une tâche si aisée qu’on pourrait le supposer : le domestique de Shaws-Castle était assez bien composé sous le rapport des écuries ; mais il ne l’était pas également en ce qui concernait l’office et le service qui en dépendait. Mowbray parla, se consulta, s’emporta avec la cuisinière qui était sourde, et un petit vieillard qu’il appelait le sommelier, jusqu’à ce qu’enfin, désespérant de rien tirer d’intelligences aussi racornies, il laissa chacun maître de faire comme il l’entendrait dans son département, et passa à l’examen de l’arrangement et de l’ameublement des appartements. Ici la tâche ne fut pas moins embarrassante, et c’est ce que comprendra aisément tout garçon qui, sans le secours d’une mère ou d’une sœur, d’une cousine ou d’une excellente femme de charge, s’est jamais aventuré à donner une fête, et à tâcher de la rendre élégante et comme il faut.
Le sentiment de son incapacité tourmentait d’autant plus Mowbray qu’il ne devait pas manquer de critiques malins parmi les dames : il redoutait particulièrement lady Pénélope Penfeather, sa rivale en toute occasion. Il se donna donc tout le mal imaginable ; et, pendant deux jours, il émit et révoqua des ordres, demanda, commanda, contremanda et réprimanda sans cesse ni répit. Le compagnon, car on ne peut dire l’aide de ses travaux, était son fidèle agent, M. Micklewham, qui trottait sur ses talons de chambre en chambre : il lui montrait exactement le même degré de sympathie