Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/325

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drez-vous ? — Mon costume ordinaire, n’en doutez pas, » répondit le théologien sortant de sa rêverie.

« Bien ; vous avez encore raison : ils pourront vouloir former le nœud conjugal au moment même ; et qui voudrait être marié par un ecclésiastique en mascarade ? Quoi qu’il en soit, nous irons à la fête… c’est une affaire arrangée. »

Le ministre donna son consentement, sous la réserve toutefois qu’il recevrait une invitation ; et, comme il en trouva une à son retour au presbytère, il n’eut point de moyen de se rétracter, quand même il l’eût souhaité.


CHAPITRE XVIII.

JEUX DE LA FORTUNE.


Nous autres, gentlemen, dont les carrosses roulent sur quatre roues, nous sommes sujets à en avoir une en mauvais état.
Le Mari provoqué.


Ici, le lecteur est prié de remonter jusqu’à l’époque de l’arrivée de lord Etherington aux Eaux de Saint-Ronan. La blessure que ce jeune seigneur avait reçue quelques jours après son arrivée le força de se tenir écarté de la société, et de garder la chambre pendant quelque temps.

Le laird de Saint-Ronan, Mowbray, trouva moyen de faire connaissance avec lui, et il s’arrangea pour passer les journées entières dans la chambre de ce nouvel ami, sous prétexte de lui tenir compagnie. Il ne tarda pas cependant à lui proposer, comme moyen de distraction, quelques parties de piquet. Il avait l’espérance de profiter de sa supériorité et de l’inexpérience de son partenaire, pour se dédommager de son assiduité auprès de lord Etherington. Mais celui-ci se trouva d’une force égale au moins à celle de Mowbray. Il semblait cependant négliger les avantages de la fortune avec une telle insouciance, et faisait en jouant des fautes si grossières, que Mowbray soupçonna bientôt que milord prenait plaisir à lui laisser gagner son argent.

Un jour notamment que Mowbray avait gagné une somme assez forte, dont il voulait consacrer une partie à acheter une toilette brillante à sa sœur Clara pour le bal annoncé, il voulut profiter de la bienveillance de la fortune, et proposa à milord Etherington une