Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/387

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Vous avez voulu jouer, et ceux qui jouent doivent s’attendre à perdre quelquefois. — Et ceux qui gagnent s’attendent à être payés, interrompit Mowbray : je sais cela comme vous, milord, et vous serez payé !… Je vous paierai, Dieu me damne !… Doutez-vous que je vous paie, milord ? — On dirait que vous pensez à me payer en monnaie d’acier, répondit lord Étherington, et cela ne conviendrait guère, ce me semble, aux termes où nous en sommes. — Sur mon âme, milord, je ne pourrais dire à quels termes nous en sommes, et pour sortir d’incertitude, je serais charmé de le savoir. Vous m’avez demandé la main de ma sœur, et malgré vos visites et vos assiduités à Castle-Shaws, je ne trouve pas que cette affaire avance… on dirait la toupie d’un enfant qui tourne sur elle-même sans faire un pas. Vous pensez peut-être que vous me tenez la bride de si près que je ne puis faire un mouvement, mais vous reconnaîtrez qu’il n’en est point ainsi. Votre Seigneurie peut se former un harem si bon lui semble, mais ma sœur n’en fera point partie. — Vous êtes en colère, et par conséquent injuste, répondit Étherington ; vous savez fort bien que c’est de votre sœur que viennent les délais. Je souhaite vivement de lui donner le nom de lady Étherington ; ses malheureux préjugés contre moi ont seuls retardé une union que j’ai tant de raisons de désirer. — Fort bien, répondit Mowbray, ce sera désormais mon affaire. Je ne connais pas de raison qui puisse lui faire refuser un mariage aussi honorable pour sa famille, et qui est approuvé par moi, qui en suis le chef. Les difficultés seront levées dans vingt-quatre heures. — Cela me fera le plus grand plaisir : vous verrez bientôt combien sincèrement je désire votre alliance ; et quant à la bagatelle que vous avez perdue… — Ce n’est point une bagatelle pour moi, milord, c’est ma ruine… mais vous serez payé… Et permettez-moi de dire à Votre Seigneurie qu’elle doit plutôt remercier son bonheur que son habileté. — Ne parlons pas davantage de cette affaire, pour le moment, s’il vous plaît. Demain sera un nouveau jour, et si vous me permettez de vous donner un conseil, vous emploierez plus de ménagements avec votre sœur. Un peu de fermeté est ordinairement utile avec les jeunes filles, mais la sévérité… — Je prie Votre Seigneurie de m’épargner ses conseils à ce sujet ; quelque précieux qu’ils soient pour toute autre chose, j’entends parler à ma sœur comme je le trouverai convenable. — Puisque vous êtes de si mauvaise humeur, Mowbray, répondit le comte, je présume que vous n’honorerez pas de votre présence la soirée de lady Pénélope, quoique ce soit