Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/68

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et en général renversant tous les obstacles qui lui étaient opposés par les chasseurs. Sir John de Walton fut le seul des chevaliers présents qui, sans être secondé par personne, réussit à terrasser un de ces terribles animaux. Comme un tauréador espagnol, il abattit et tua de sa lance un taureau furieux ; deux de ces animaux plus jeunes, mais déjà d’une certaine grandeur, et trois femelles, périrent aussi accablés sous le nombre des flèches, des javelines et d’autres projectiles que leur lancèrent les archers et les piqueurs ; mais beaucoup d’autres, en dépit de tous les efforts tentés pour arrêter leur fuite, gagnèrent leur sombre retraite au pied de la montagne de Cairntable, les flancs tout déchirés des marques de l’inimitié des hommes.

Une grande partie de la matinée se passa de cette manière, jusqu’à ce qu’un air de cor particulier, donné par le chef de la chasse, annonçât qu’il n’avait pas oublié l’excellente coutume du repas, qui, en pareille occasion, était préparé sur une échelle proportionnée à la multitude réunie pour participer au divertissement.

Une fanfare propre à la circonstance réunit donc tous les chasseurs dans une clairière du bois, où tout le monde trouva place pour s’asseoir à l’aise sur l’herbe verte. Les pièces de gibier qu’on avait abattues devaient, lorsqu’elles seraient rôties et grillées, suffire à tous les appétits, et tous les subalternes s’occupèrent immédiatement de cette besogne ; tandis que des tonneaux et des barils, qu’on trouva sur place et qui furent habilement ouverts, versèrent en abondance le vin de Gascogne et l’ale forte, au gré de ceux qui venaient leur rendre visite.

Les chevaliers, à qui leur rang ne permettait pas de s’asseoir parmi la multitude, formèrent un cercle à part, et furent servis par leurs écuyers et leurs pages, ceux-ci ne considérant point de pareilles fonctions domestiques comme basses ou dégradantes, mais comme faisant partie de leur éducation. Au nombre des personnages de marque qui s’assirent en cette occasion à la table du pavillon, comme on appelait cet endroit, à cause d’un dôme de verdure qui l’ombrageait, étaient sir John de Walton, sir Aymer de Valence, et plusieurs révérends frères consacrés au service de Sainte-Brigitte : ces derniers, quoique ecclésiastiques écossais, furent traités avec le respect convenable par les soldats anglais. Deux ou trois gros fermiers du pays, montrant, peut-être par prudence, toute la déférence désirable à l’égard des chevaliers, s’assirent à l’extrémité de la table, et autant d’archers anglais, particulière-