Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/83

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entre des mains anglaises. Ces deux-ci ont poussé dans le Sherwood, et comme ils ont pu grossir en toute sûreté depuis le temps de Robin-Hood, il n’est pas probable qu’ils manquent leur service, entre des mains aussi vigoureuses, et avec un œil aussi juste que l’œil et les mains des archers qui servent sous les ordres de Votre Seigneurie. — Et où ont passé tous les autres arcs, s’il est arrivé deux cargaisons dans le port d’Ayr, et que tu aies encore eu de la peine à me procurer seulement ces deux vieux bois ? » dit le gouverneur. — Ma foi ! je ne prétends pas être assez habile pour vous le dire, » répondit Greenleaf en haussant les épaules. « On parle de complot dans ce pays-là aussi bien que dans celui-ci : on répète que leur Bruce et le reste de ses parents projettent une nouvelle escapade, et que le roi proscrit se propose de débarquer à Turnberry au commencement de l’été avec un certain nombre de ces vigoureux drôles d’Irlandais. Nul doute que les sujets de ce burlesque royaume de Carrick ne se tiennent prêts avec leurs arcs et leurs lances à seconder une entreprise qui présente tant de chances de succès. Je compte qu’il nous en coûtera une vingtaine de paquets de flèches pour remettre tout en ordre. — Dites-vous donc qu’il se trame des conspirations dans cette partie de la contrée, Greenleaf ? reprit de Walton… Je sais que vous êtes un drôle sagace, qui savez dès long-temps comment l’on manie une branche d’arbre recourbé munie d’une corde, et vous n’êtes pas homme à souffrir que de telles manœuvres aient lieu sous votre nez sans prendre la peine de les découvrir. — Je suis assez vieux, le ciel le sait, répliqua Greenleaf ; j’ai acquis assez d’expérience dans ces guerres d’Écosse, et je connais à quel point un chevalier et un soldat doivent avoir confiance dans les Écossais. Croyez-moi, les Écossais sont tous faux, et c’est un brave archer qui vous le dit, un archer qui, lorsque le but est raisonnablement loin, ne le manque presque jamais de la largeur de la main… Ah ! sir John, Votre Honneur sait bien comment il faut agir avec eux, les mener bon train et leur tenir la bride serrée ! Vous n’êtes pas de ces gens simples et novices qui s’imaginent que tout peut se faite par la douceur, et qui veulent se montrer polis et généreux envers ces parjures montagnards, comme si jamais dans le cours de leur vie ils pouvaient rien connaître qui ressemble à la politesse ou à la générosité. — Tu fais allusion à quelqu’un, dit le gouverneur, et je te commande, Gilbert, d’être franc et sincère avec moi. Il me semble que tu n’ignores pas que ta franchise ne peut t’attirer aucun mal. — C’est la vérité,