Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 25, 1838.djvu/96

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que, vu l’esprit de l’époque, le pape exerçait une grande prépondérance dans toutes les controverses où il lui plaisait d’intervenir ; il savait que, même dans la contestation relative à la souveraineté de l’Écosse, Sa Sainteté avait élevé une prétention à ce royaume, prétention qui aurait pu l’emporter sur celles et de Robert Bruce et d’Édouard d’Angleterre, et il sentait que son monarque lui saurait peu de gré si par sa faute il fallait qu’il se brouillât encore avec l’Église : d’ailleurs il était aisé de placer une sentinelle de manière qu’Augustin ne pût s’échapper pendant la nuit ; et le lendemain au matin il serait encore aussi bien au pouvoir du gouverneur anglais que si on l’arrêtait de force sur-le-champ. Cependant sir John de Walton exerçait une telle autorité sur le supérieur qu’il l’engagea, en considération du respect qu’il aurait témoigné d’ici là pour le sanctuaire, à vouloir bien, lorsque cet espace de temps serait expiré, lui prêter l’assistance et le secours de son autorité spirituelle pour remettre le jeune homme entre ses mains, si celui-ci ne pouvait alléguer des preuves suffisantes en faveur de son innocence. Cet arrangement, qui permettait encore au gouverneur de se flatter que cette ennuyeuse affaire se terminerait d’une façon satisfaisante, le porta à ne point refuser le délai qu’Augustin avait plutôt exigé que sollicité.

« À votre requête, père abbé, car jusqu’à présent j’ai toujours trouvé en vous un homme vrai, j’accorderai au jeune homme la faveur qu’il demande, avant de le faire conduire en prison, pourvu qu’on ne lui permette pas de sortir du couvent ; et c’est vous qui m’en répondez. Mais, comme de juste, je vous délègue le pouvoir de faire marcher notre petite garnison d’Hazelside, à laquelle je vais moi-même envoyer un renfort dès mon retour au château, pour le cas où il serait nécessaire qu’elle vous prêtât main-forte. — Digne sire chevalier, répliqua le supérieur, je ne pense pas que l’humeur de ce jeune homme doive rendre nécessaire l’emploi de tout autre moyen que celui de la persuasion ; et j’ose dire que vous approuverez vous-même au plus haut degré la manière dont je m’acquitterai de cette commission. »

L’abbé voulut ensuite remplir les devoirs de l’hospitalité, énumérant les tristes provisions que la sévérité du cloître lui permettait d’offrir au chevalier anglais. Du reste, sir John refusa de prendre aucun rafraîchissement, dit poliment adieu à l’ecclésiastique, et n’épargna point son coursier jusqu’à ce que le noble animal l’eût amené devant le château de Douglas. Sir Aymer de Valence vint le rece-