Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/509

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environs n’avait son humble dîner si bien préparé, ses habits et son linge si bien tenus, son parloir si propre et en si bon ordre, et enfin ses livres mieux époussetés.

S’il parlait à Jeanie de ce qu’elle ne comprenait pas, et s’il mettait dans ses harangues un peu plus d’érudition et de pédantisme que besoin n’était (car le brave homme payait son tribut aux faiblesses de l’humanité, et de plus on se souviendra qu’il avait été maître d’école), elle l’écoutait dans un respectueux silence ; mais quand le point dont il s’agissait avait rapport à la vie réelle et était à la portée d’un esprit naturellement lucide, elle avait des vues plus étendues et un jugement plus pénétrant que le sien. Quand il arrivait à mistress Butler de se mêler dans la société, on ne lui trouvait pas tout à fait cette politesse de manières que l’usage du monde peut seul donner, mais elle était animée d’un désir évident de plaire et d’obliger, et de plus elle possédait cette civilité naturelle que donnent le bon sens et un bon cœur, et qui, unie à la vivacité et à la gaieté, la rendait chère à tous ceux qui étaient en relation avec elle. Malgré les soins qu’elle donnait à son ménage, différente en cela de bien des femmes qui, en s’occupant de leur intérieur, en font une excuse pour s’abandonner à la négligence et à une malpropreté qui leur donne l’air de servantes, elle avait toujours la tenue propre et soignée d’une respectable maîtresse de maison ; et lorsqu’à ce sujet elle recevait les compliments de Duncan Knock, qui jurait qu’il fallait qu’elle fût aidée par quelque fée pour que la maison fût toujours si propre sans qu’on vît personne la balayer, elle répondait modestement qu’on pouvait faire beaucoup de choses quand on savait bien régler l’emploi de son temps.

Duncan lui répliquait qu’il désirait ardemment qu’elle pût enseigner ce secret aux servantes du château, car il ne s’apercevait jamais qu’on lavât la maison, excepté quand il lui arrivait de se heurter les jambes contre le seau qu’elles laissaient en travers de la porte.

Nous passerons sous silence d’autres détails moins importants ; mais nous apprendrons au lecteur, qui le croira facilement, que le fromage de Dunlop promis au duc ne fut pas oublié, que Jeanie mit tous ses soins à le faire ; et qu’il fut si gracieusement reçu que cette offrande devint une redevance annuelle. Des présents et des lettres de remercîment pour les bons offices qu’elle en avait reçus furent aussi envoyés à mistress Bickerton et à mistress