Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 26, 1838.djvu/567

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le plaisir de vous voir en bonne santé. Eh ! bonjour, ma bonne mistress Butler, je vous prierai de faire donner des vivres, de l’ale et de l’eau-de-vie à ma troupe ; car nous courons depuis le point du jour les marais et les montagnes, et sans résultat encore, malédiction ! »

En parlant ainsi, il s’assit, repoussa en arrière sa perruque, s’essuyant le front d’un air d’importance, et se mit tout à fait à son aise, malgré l’air d’étonnement au moyen duquel lady Staunton essayait de lui faire poliment comprendre qu’il prenait une liberté un peu trop grande.

« C’est une espèce de consolation quand on a une commission désagréable, » dit le capitaine en s’adressant à lady Staunton d’un air galant, « que ce soit pour rendre service à une belle dame ; puisque servir le mari est servir aussi la femme, comme mistress Butler le sait très-bien. — Réellement, monsieur, dit lady Staunton, puisque c’est à moi que vous semblez adresser ce compliment, je ne puis deviner de quelle manière sir George ou moi avons pu déterminer votre excursion de ce matin. — De par le diable ! voilà qui est trop cruel, milady ; comme si ce n’était pas en vertu d’un mandat spécial qui m’a été expédié par l’honorable agent d’affaires de Sa Grâce à Édimbourg, que j’ai été chargé de chercher et d’appréhender ce Donacha-Dhu-Na-Dunaigh, et de l’amener en ma présence et celle de sir George Staunton pour que justice lui soit faite, c’est-à-dire pour qu’il soit envoyé à la potence, comme il l’a assurément bien mérité en effrayant Votre Seigneurie, et pour d’autres actes de moindre importance. — En m’effrayant ! dit lady Staunton, que voulez-vous dire ? Je n’ai jamais écrit un mot à sir George de l’alarme que j’ai eue à la cascade. — Alors, il faut qu’il l’ait su d’une autre manière ; car qui pourrait lui inspirer un désir assez vif de voir ce vaurien, pour me faire battre les bois et les marais du pays à sa recherche, lorsque tout ce que je puis espérer d’en attraper, est quelque balle dans la cervelle. — Mais est-il bien possible que ce soit à cause de sir George que vous ayez entrepris d’arrêter cet homme ? — Sur mon Dieu ! ce n’est pas pour autre chose que pour faire plaisir à Son Honneur ; car Donacha aurait pu aller tranquillement son chemin sans que je l’eusse inquiété, tant qu’il aurait respecté les limites des propriétés du duc. Mais je trouve très-bien qu’on le prenne et qu’on le pende, s’il s’agit de faire plaisir à un honorable ami du duc. Ainsi donc, l’exprès m’est arrivé