Page:Œuvres de la citoyenne de Gouges.djvu/13

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Je suis née avec un caractère républicain, et je mourrai avec ce caractère. Si dans quelqu’un de mes écrits patriotiques, j’ai paru défendre la monarchie constitutionnelle, c’est que j’ai redouté tous les malheurs qu’entraîneroit la chûte de cette monarchie. La faction Cromveliste qui se cache depuis si long-temps sous le masque du plus brûlant patriotisme, cherche, par la voie de tous les crimes, à nous réduire au plus affreux esclavage ; cette faction incendiaire, féroce et désorganisatrice, on la met sous ton nom : elle a fait massacrer les royalistes ; elle veut à présent massacrer les républicains. Ce n’est plus un fantôme que ce parti ; tous les yeux sont ouverts. Frémis, Philippe, si tu coopères à ces odieux projets ! Dusses-tu me préparer mille morts, je t’avertirai. Si tu n’as rien à te reprocher, tu me sauras gré de ce que je vais mettre sous tes yeux. Je suis loin de te croire coupable des crimes qu’on te prête. Tant de perversité dans un homme bien élevé, ne me paroît pas vraisemblable. Un brigand, un assassin, digne du plus cruel supplice, n’auroit pu commettre la moitié des atrocités dont la renommée t’a déclaré l’auteur. Mais si je remontois à ton glorieux exil, combien je reconnoîtrois mon erreur, je te retrouverois alors tel que je t’avois vu ayant, et tel que je te