Page:Œuvres de la citoyenne de Gouges.djvu/20

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ClTOYENS, personne n’ignore que j’ai épuisé ma fortune pour la révolution. Je suis femme et j’ai servi ma patrie en grand homme. Ma récompense a été la plus atroce calomnie et la plus noire ingratitude ; les poignards des assassins sont levés sur ma tête. Je n’ai que la loi pour ma sauve-garde, et vous l’avez fait taire à mon égard. Vous avez renvoyé un scélérat équivoque dans toutes ses réponses ; vous en avez reconnu vous-même l’imposture, et j’ignore ce qu’il est devenu. Je me suis présentée deux fois à la section pour prendre le procès-verbal ; et quoique ma position fut délicate, le temps ne vous a pas permis, m’avez-vous dit, de me le remettre. J’ai entendu, de mes propres oreilles, que des membres de votre section me traitoient d’aristocrate et de défenseur de Louis Capet ; cruels et mauvais citoyens ! est-ce ainsi que vous récompensez le plus pur civisme ? Non, vous ne me croyez pas capable de vous imiter, de trahir mon pays. L’humanité est la cause du peuple.

J’en appelle à vos consciences, si une erreur aveugle ne les égare pas sur mon compte.

J’en appelle aux bons citoyens qui composent la section, qui ont entendu ces affreux propos,