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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/108

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La Gouvernante.

Ne me cachez plus rien.Votre malheureux pere
Saisit l’occasion d’une guerre étrangere :
Son courage lui fit espérer tout du sort ;
Mais il s’exposa trop, il y trouva la mort.

Angélique.

Ah ! grands Dieux ! Et ma mere alors que devint-elle ?

La Gouvernante.

Votre mere ! Jugez de sa douleur mortelle ;
Peignez-vous son état & son adversité.
Enfin, après avoir long-tems sollicité,
D’une pension foible, à peine suffisante
Pour soutenir sa vie infirme & languissante,
On crut payer assez les jours de son époux.
Elle comptoit alors se réunir à vous,
Et vous faire venir pour essuyer ses larmes ;
Toute prête à jouir d’un bien si plein de charmes,
Sa santé succomba sous des maux si constans.
Dans les bras de la mort elle resta long-tems ;
À peine elle en sortoit que ce bienfait modique,
Qui faisoit sa fortune & sa ressource unique,
Fut discontinué sans espoir de retour.

Angélique.

Sans doute que depuis un si malheureux jour,
Elle n’a pû survivre à ce coup si funeste ;
Vos larmes, vos soupirs m’apprennent tout le reste.

La Gouvernante.

Ne comptez plus sur elle, & revenons à vous.
Vous étiez au Couvent, où je sens, entre nous,