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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/109

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Jusqu’où pouvait aller votre disgrace affreuse,
Quand le Ciel qui vouloit que vous fussiez heureuse,
De la Baronne un jour y conduisit les pas :
On lui parla de vous. Votre âge, vos appas,
Des larmes, qui pour lors vous prêterent leurs charmes,
Tout força la Baronne à vous rendre les armes ;
Elle vous prodigua ses généreux secours :
Enfin, son amitié s’augmentant tous les jours,
Elle vous prit chez elle, & sa vive tendresse
Daigna vous honorer du titre de sa niece.

Angélique.

Ah ! quelle différence !

La Gouvernante.

Ah ! quelle différence !Ainsi, ne l’étant pas,
Voyez quel précipice est ouvert sous vos pas.
Pouvez-vous vous livrer à l’espoir inutile
De devenir un jour l’épouse de Sainville ?
Non ; cessez de compter sur cet heureux lien.
La Baronne pourra vous faire quelque bien ;
Mais ce n’est pas assez pour que l’on vous préfere
Au plus riche parti que lui cherche son pere :
Sainville en a besoin pour vivre avec l’éclat
Qu’exigeront bientôt son rang & son état.

Angélique.

Et le plus tendre amour n’est donc rien dans la vie ?
Au gré de la fortune il faut qu’on se marie.
Pourvû qu’on soit bien riche, on est donc bien content ?
Je ne l’aurais pas cru.

La Gouvernante.

Je ne l’aurais pas cru.Le plus sûr est pourtant