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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/110

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De ne plus espérer que l’hymen vous unisse :
N’attendez pas, vous dis-je, un si grand sacrifice,
Je n’imagine pas qu’il y puisse songer.

Angélique.

Vous découvrez l’abîme où j’allois me plonger.
Que de combats vont être arrosés de mes larmes !
Ce n’est que loin de lui que je trouve des armes.
Je dois vous avouer que mon cœur révolté
Sur mes réflexions l’a toujours emporté ;
Et si je reste ici…

La Gouvernante.

Et si je reste ici…Venez.

Angélique.

Et si je reste ici…Venez.Où donc, ma Bonne ?

La Gouvernante.

Où l’honneur vous attend, aux pieds de la Baronne :
Venez lui confier votre état dangereux ;
Elle aime la vertu, son cœur est généreux :
Priez-la de finir une peine si rude,
En vous faisant rentrer dans cette solitude
Où vous étiez. Pressez, redoublez votre effort ;
Elle est riche, elle y peut assurer votre sort.
Doutez-vous du succès ? La Baronne vous aime.

Angélique.

Je ne puis avouer ma honte qu’à moi-même.

La Gouvernante.

Mais vous vous êtes bien confiée à ma foi ?

Angélique.

Vous n’êtes pas un tiers entre mon cœur & moi.