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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/146

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Et c’est un mariage à conclure au plutôt.
Vous sçavez notre état, je vous l’ai dit tantôt ;
Ce qui vient d’arriver, comme vous pouvez croire,
Nous dérange beaucoup, en nous couvrant de gloire.
J’ai vendu cette Terre où vous vous plaisiez tant.

Sainville.

Donnez, engagez tout, j’en serai plus content.

Le Président.

Vous paroissiez bien froid, quand la fortune même…

Sainville.

Mon pere, pardonnez ma répugnance extrême.

Le Président.

L’hymen vous fait-il peur ?

Sainville.

L’hymen vous fait-il peur ?Non, j’y vois mille appas :
Cette fille est trop riche, & ne me convient pas.

Le Président.

Comment donc ?

(Juliette reparoît encore.)
Sainville.

Comment donc ?Il faudroit lui devoir ma fortune ;
C’est une dépendance un peu trop importune.
Les grands biens d’une femme augmentent trop ses droits,
Et par reconnoissance il faut subir ses loix ;
Ce bienfait-là devient une dette éternelle,
Dont on ne peut jamais s’acquitter avec elle.
Quoi qu’il en soit, malgré ma situation,
Je ne veux pas avoir cette obligation.