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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/169

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Elle adore Angélique ; &, malgré votre zele,
Elle n’a pas dessein de se séparer d’elle.
Puisque vous me craignez, partez dès-à-présent ;
J’ai le bien de ma mere, il sera suffisant
Pour vous faire à jamais le sort le plus paisible,
En cas que mon bonheur soit toujours impossible.
Avec elle, en un mot, abandonnez ces lieux,
Je remets à vos soins ce dépôt précieux ;
Recevez-le de moi, pour le garder vous-même,
Et pour le rendre un jour à ma tendresse extrême.
(à Angélique.)
N’y consentez-vous pas jusqu’à des temps plus doux ?

Angélique.

Moi, Sainville ? Ah ! pourvû que je vive pour vous,
Au milieu des transports d’une si douce attente,
Fût-ce dans un désert, je serai trop contente ;
L’espérance tient lieu des biens qu’elle promet.
Oui, ma Bonne y consent… votre cœur s’y soumet.

La Gouvernante.

Vous êtes-vous flattés, aveugles que vous êtes,
Que je me prêterois au complot que vous faites ?
Voilà donc la vertu que vous me supposez ?
C’est un enlèvement que vous me proposez.
Pouvez-vous concevoir cette affreuse chimere ?
Moi, je vous aiderois à trahir votre pere,
À son sang révolté je servirois d’appui ?
La nature y répugne, & me parle pour lui.
Eh ! croyez que sa voix ne m’est pas étrangere.

Sainville.

Mais songez qu’Angélique…