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Vous demandez pourquoi : craignez de le sçavoir.
Par un ménagement que j’ai cru vous devoir,
Je m’étois à jamais condamnée à me taire :
Vous le voulez, il faut dévoiler ce mystere,
Et vous causer peut-être un éternel regret.
(à part.)
Que vais-je découvrir ?
Angélique.
Quel est donc ce secret ?
La Gouvernante.
Vous dépendez…
Angélique.
Autant qu’il m’en souvient, vous m’avez fait entendre
Que vous connoissiez ceux à qui je dois le jour.
Ne m’avez-vous pas dit qu’en un autre séjour,
Un généreux trépas m’avoit ravi mon pere,
Que je ne devois plus compter sur une mere,
Qu’en ma plus tendre enfance à peine ai-je pû voir ?
Vous a-t-elle en mourant laissé tout son pouvoir ?…
Vous la pleurez ?
La Gouvernante.
Le Ciel n’a point fini sa vie.
Angélique.
Que dites-vous ? La mort ne me l’a point ravie ?
Achevez donc.
La Gouvernante.
Je n’ose.
Angélique.
Elle vit ?