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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/183

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La Gouvernante.

Achevez donc.Je n’ose.Elle vit ?Hélas ! oui ;
Et c’est pour vous aimer.

Angélique.

Et c’est pour vous aimer.Ô bonheur inoui !
Je vous pardonne tout. Ah ! Ciel ! quelle est ma joie !
Ma Bonne, absolument il faut que je la voie ?

La Gouvernante.

Cessez…

Angélique.

Cessez…Par ces refus cruels, injurieux,
Vous me désespérez… Que vois-je dans vos yeux ?

La Gouvernante.

Lui pardonnerez-vous son état & le vôtre ?

Angélique.

Ah ! vous êtes ma mere ; oui, je n’en veux point d’autre.
Tout me le dit ; cédez, & qu’un aveu si doux
Couronne tous les biens que j’ai reçus de vous.

La Gouvernante.

Eh ! bien, vous la voyez. Puisque je vous suis chere,
La nature triomphe, & vous rend votre mere.

Angélique.

Ah ! Ciel ! Mais quel remords vient déchirer mon cœur !
(Elle se jette à ses genoux.)
C’est vous que j’ai traitée avec tant de rigueur !

La Gouvernante, en la relevant.

Ma fille, oublions tout. Je crains qu’on ne m’entende ;
Cachons notre secret, je vous le recommande.
M’en croirez-vous ? Laissons régner ici la paix.
Vous voyez notre état ; renoncez pour jamais