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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/184

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À l’espoir d’un hymen hors de toute apparence.
Que sacrifiez-vous ? Une folle espérance.
Dans le sein de l’oubli, cherchons un sort plus doux ;
Abandonnons le monde, il n’est pas fait pour nous.

Angélique.

Je me rends, & je sens que ce n’est que la fuite
Qui pourra garantir mon ame trop séduite.
Mais, hélas ! comment fuir ?

La Gouvernante.

Mais, hélas ! comment fuir ?Le ciel en a pris soin ;
De la Baronne, enfin, vous n’avez plus besoin.
Un parent éloigné, dont j’étais héritiere,
A depuis quelques jours terminé sa carriere ;
Je viens de le sçavoir, & que dès-à-présent
Nous jouissons d’un bien qui sera suffisant
Pour vivre, loin du monde, en une aisance honnête.
Partons secrettement, que rien ne nous arrête ;
Et, pour nous dérober, allons tout préparer.

Angélique.

Quoi ! si-tôt pour jamais il faut s’en séparer !

La Gouvernante.

Nous ne sçaurions trop tôt quitter cette demeure.

Angélique.

Que va-t-il devenir ? Quoi ! partir tout-à-l’heure,
Sans se revoir du moins pour la derniere fois !

La Gouvernante.

Obtenez ce triomphe.

Angélique, en se jetant dans les bras de sa mère.

Obtenez ce triomphe.Il le faut, je le dois…
Arrachez-moi d’ici ; je me perds, si je reste.