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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/85

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Où j’aurois essuyé le plus grand des malheurs.

Juliette.

Bon ! Bon ! L’amour bientôt le comblera de fleurs.

Angélique.

Non, je n’ai plus en lui la moindre confiance.
Où m’alloit entraîner mon peu d’expérience !
Eh ! comment pouvons-nous ne nous pas égarer ?
Comment fuir les dangers qu’on nous laisse ignorer ?
À qui notre jeunesse est-elle confiée ?
Hélas ! pour l’ordinaire elle est sacrifiée.
Quel est le sort du sexe ! Ah ! Juliette, il s’ensuit
Qu’on croit qu’il ne vaut pas la peine d’être instruit.

Juliette.

Ah ! diantre, vous voilà tout-à-fait surprenante !
Ce beau chef-d’œuvre vient de notre Gouvernante.
Depuis six ou sept mois qu’elle a trouvé moyen
De s’impatroniser, je n’y connois plus rien ;
La baronne elle-même en a fait son amie,
Et ne fait que vanter sa rare prud’hommie :
Nous étions, vous et moi, bien mieux auparavant.

Angélique.

Je voudrois l’avoir eue en sortant du Couvent :
oui, Juliette, ce sont quatre ans que je regrette.

Juliette.

Oui, votre tante a fait une fort belle emplette…
Cette femme n’entend qu’à donner des vapeurs.
Mais parlons de Sainville. Espérez que vos cœurs
Seront bientôt remis en bonne intelligence.
Je sçais que de sa part un peu de négligence…