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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/87

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Vous songez à rentrer dans le sein de l’ennui ?

Angélique.

Le monde n’a plus rien qui me plaise.

Juliette.

Le monde n’a plus rien qui me plaise. Aujourd’hui ;
Mais demain il pourra vous plaire davantage.
Le dépit prend toujours le parti le moins sage.
Demeurez… les absens sont bientôt oubliés.
La Baronne vous fait mille & mille amitiés ;
Elle a pour vous les yeux de la plus tendre mere ;
C’est une tante enfin comme il ne s’en voit guere ;
Mais si vous ne restez sous ses yeux, j’ai bien peur
Qu’un autre ne parvienne à vous ôter son cœur,
Et qu’avec un époux elle ne s’en console.
La veuve la plus sage est toujours assez folle
Pour se remarier ; cela se voit souvent.
Il ne sera plus tems de sortir du Couvent ;
Il y faudra gémir, enrager comme une autre,
Et pleurer à la fois sa folie & la vôtre :
Je vous en avertis, craignez cet incident.
Mais la voici qui vient avec le Président.
Sortons.

Elle entraîne Angélique.