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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/88

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Scène II.

LE PRÉSIDENT, LA BARONNE.
Le Président.

Sortons.Vous n’avez fait aucune découverte ?
Ah ! Ciel, n’aurois-je plus qu’à gémir de leur perte ?
Faudra-t-il que j’emporte avec moi la douleur
De n’avoir jamais pû réparer un malheur,
Dont en quelque façon je suis presque coupable ?

La Baronne.

Mais vous ne l’êtes point : est-ce qu’on est comptable
Des jugemens qu’on croit rendre avec équité ?
Quoi ! ne peut-on jamais cacher la vérité ?
Tant de gens sont payés pour conspirer contr’elle,
Pour lui tendre toujours une embûche cruelle !
Quel Juge est à l’abri d’un semblable malheur ?

Le Président.

Et voilà justement ce qui fit mon erreur,
Et l’arrêt dont je fus l’organe trop funeste :
Mais se peut-il qu’enfin nul espoir ne vous reste,
Et qu’en dix ou douze ans à peine révolus,
Des gens d’un si grand nom ne se retrouvent plus ?

La Baronne.

Eh ! croyez-moi, Monsieur, quand on est misérable,
C’est un fardeau de plus qu’un nom considérable ;
Ils en ont pû changer. Peut-être que la mort
Au sein de l’indigence aura fini leur sort.