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Page:Œuvres de monsieur Nivelle de La Chaussée, 1762, tome 3.djvu/96

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Il faut suivre ce joug ; qui se révolte a tort,
Et devient l’artisan de son malheureux sort.
Sachez donc vous soumettre à cette dépendance :
L’usage des vertus a besoin de prudence.
Dans un juste milieu la raison l’a borné :
D’ailleurs il faut toujours que leur front soit orné
Des graces & des fleurs qui sont à leur usage.
Quand la vertu déplaît, c’est la faute du sage.
Sachez la faire aimer, vous serez adoré.

Sainville.

Son éclat naturel doit être décoré !
Quoi ! d’un fard étranger, secours de l’Imposture,
L’art oseroit souiller la beauté la plus pure !
Mon père, croyez-moi, son attrait lui suffit.

Le Président.

Je n’ajoute qu’un mot à tout ce que j’ai dit.
Ma fortune, mon fils, est moins considérable
Qu’on ne le croit ; je suis dans un poste honorable,
Où l’on n’amasse point ; ainsi je vous préviens,
Que, bien loin de trouver après moi de grands biens,
Vous serez étonné d’un si foible partage :
Il faut vous faire ailleurs un plus grand héritage ;
Et vous ne le pourrez qu’en cherchant un parti
Qui soit digne, en un mot, de vous être assorti
Par son nom, par son rang, & par son opulence ;
Mais, pour le mériter, faites-vous violence :
Allez, voyez le monde ; & mettez à profit
Ce que mon amitié vous dicte & vous prescrit.