Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/125

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rends. Pour l’Alsace, il m’en auroit aisément dispensée, parce qu’il n’espéroit plus de m’y pouvoir mener : mais pour les pierreries, il ne rendoit point de réponse précise ; et comme cependant elles marchoient toujours, aussitôt qu’il nous eut quittés, Mme la princesse de Bade me mena chez M. Colbert pour le prier de s’en saisir. Il ne crut pas pouvoir me refuser cette grâce ; il fallut les faire revenir, et elles sont toujours demeurées depuis entre ses mains.

Il ne fut plus question que de savoir ce que je deviendrois. M. Mazarin me donna le choix de demeurer à l’hôtel de Conti ou à l’abbaye de Chelles, les deux lieux du monde qu’il savoit que je haïssois le plus, et pour les plus justes raisons. L’accablement d’esprit où j’étois ne me permit jamais de me déterminer entre deux propositions également odieuses ; il fallut que d’autres choisissent pour moi, et les raisons contre l’hôtel de Conti étoient si fortes, que Chelles fut préféré12. Ce fut en cette solitude, que faisant réflexion sur l’obligation où mes parents me représentoient que j’étois, de me séparer de biens, pour sauver le reste des dissipations de M. Mazarin, en faveur de mes pauvres enfants, je m’y résolus à la fin. Mais quelque persuadée que je fusse de le devoir faire, les raisons particulières que j’avois de déférer en toutes choses aux sentiments de M. Colbert, m’arrêtèrent tout court lorsque, l’ayant fait pressentir sur ce dessein, j’appris qu’il n’en étoit pas d’avis.

Au bout de six mois, M. Mazarin, revenant d’Al-


12. En 1667. Voy. le Factum pour madame Mazarin.