Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/127

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der et non pas à le suivre ; j’obtins d’en aller parler au Roi, Mme la prinresse de Bade m’y conduisit, et Sa Majesté eut la bonté de me le permettre. Mais M. Colbert, qui avoit peine à y consentir pour des raisons qui ne souffraient point de réplique en toute autre conjoncture, tira les choses en longueur jusqu’à ce que Mme de Courcelles, ayant été mise avec moi dans ce couvent, j’obtins enfin la permission de commencer mon procès par la faveur des amis qu’elle avoit à la Cour.

Comme elle étoit fort aimable de sa personne et fort réjouissante, j’eus la complaisance pour elle d’entrer dans quelques plaisanteries qu’elle fît aux religieuses. On en fit cent contes ridicules au Roi ; que nous mettions de l’encre dans le bénitier pour faire barbouiller ces bonnes dames ; que nous allions courir par le dortoir pendant leur premier somme avec beaucoup de petits chiens, en criant tayaut ; et plusieurs autres choses semblables, ou absolument inventées ou exagérées avec excès. Par exemple, ayant demandé à nous laver les pieds, les religieuses s’avisèrent de le trouver mauvais et de nous refuser ce qu’il falloit ; comme si nous eussions été là pour observer leur règle. Il est vrai que nous remplîmes d’eau deux grands coffres qui étoient sur le dortoir ; et parce qu’ils ne la tenoient pas, et que les ais du plancher joignoient fort mal, nous ne prîmes pas garde que ce qui répandit, perçant ce mauvais plancher, alla mouiller les lits de ces bonnes sœurs. Si vous étiez alors à la Cour, il vous souviendra qu’on y conta cet accident comme un franc tour de page. Il est encore vrai, que sous prétexte de nous tenir compagnie, on nous gardoit