Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/161

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vagances qui se passèrent entre eux, ils eurent à la fin ensemble la ridicule affaire que vous avez sue, où, sans courir aucun danger, ils se donnèrent le plaisir de réjouir de nouveau le monde, à mes dépens.

Ce fut quelque temps après que ma sœur résolut de se retirer en France, pour divers sujets de plaintes qu’elle prétendoit avoir contre M. le Connétable. Il seroit inutile de vous dire les raisons dont je combattis sa résolution. Les déplaisirs qu’une pareille équipée m’avoit attirés, me donnèrent une éloquence tout extraordinaire : mais la même étoile qui m’avoit conduite en Italie, la poussoit en France. Comme elle étoit fort assurée de moi, elle n’hésita pas à me mettre de la partie, et parce que je ne me souciois de Rome qu’à cause d’elle, et que je croyois soulager les dangers qu’elle devoit courir, en les partageant, je n’hésitai pas à la suivre. Je lui représentai seulement que je serais obligée de la quitter, aussitôt que nous serions en France. Cette nécessité lui fit plus de peine qu’aucune autre chose, et rien ne me persuada plus la force de ses raisons, que de voir qu’elles la faisoient résoudre à nous séparer.

Le chevalier de Lorraine lui avoit assez d’obligation pour la servir dans cette rencontre. Elle s’étoit fait des affaires avec tout Rome pour lui et pour son frère. On ne pouvoit les souffrir partout ailleurs que chez elle, et elle s’étoit déclarée pour eux, dans des occasions assez délicates, contre le cardinal Chigi et le Connétable même. Cependant elle n’en reçut autre secours que de grandes promesses de la servir de leur crédit en France, ce qu’ils n’ont pas