Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/162

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fait ; et pour ce qui étoit de son dessein, le Chevalier se contenta de lui dire : que si elle n’avoit qu’elle-même pour se conduire, il s’en mettrait en peine, mais que puisque Mme Mazarin en étoit, on pouvoit bien s’en reposer sur elle, puisqu’elle avoit plus d’esprit et de résolution, pour des entreprises encore plus dangereuses. Il ne croyoit pas alors devoir être rappelé en France sitôt qu’il le fut ; s’il eût fait son devoir, nous y aurions été devant que lui, et on n’auroit pas pu dire que nous le suivions ; mais ma sœur, qui n’avoit compté que sur lui, fut contrainte de différer son départ, quand elle s’en vit abandonnée.

Après qu’il fut allé en France, elle s’ouvrit à un autre homme d’une dignité éminente, et qu’elle croyoit son ami, parce qu’elle l’avoit obligé de l’être ; mais il lui dit seulement : que le chevalier de Lorraine devait bien la secourir dans ce besoin. Il me demanda ensuite : ce que je deviendrais, et si c’était de mon conseil que ma sœur entreprenait ce voyage. Il peut encore rendre témoignage que je lui répondis : que je savois bien que je ne pouvois pas demeurer en France ; que je ne prétendais même y aborder, qu’à la faveur d’un passe-port que le Roi avoit envoyé à ma sœur, pour elle et ses gens ; et que mon dessein étoit de me retirer en Savoie, dès que je la verrais en lieu de sûreté.

Enfin, après avoir pris toutes les précautions du côté de France, que la prudence humaine peut suggérer, nous envoyâmes une barque nous attendre à Civita-Vecchia ; et un beau jour de mai17, M. le


17. En 1672.