Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/201

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Heureuse est une vanité

Que la mort met en assurance !

« Si le jour vous étoit resté,
Vous en auriez haï la triste jouissance,
Ou, du moins, auriez-vous cherché l’obscurité,
Pour ne pas voir l’éclat de la divine Hortense.

« Mais que servent enfin tous ces chagrins jaloux ?
Le grand maître de la nature
Ne pourra-t-il former rien de plus beau que vous,
Sans attirer votre murmure ?

« Hélène auroit plus de raison
De murmurer et de se plaindre,
Que madame de Montbazon ;
Cependant elle sait sagement se contraindre.

« Celle qui put armer cent et cent potentats,
Qui d’Hector et d’Achille anima la querelle ;
Qui fit livrer mille combats,
Où les dieux partagés étoient pour ou contre elle :
Hélène, à Mazarin ne le dispute pas ;
Et vous auriez un cœur rebelle,
Vous qui borniez l’honneur de vos appas
Au peu de bruit que fait une ruelle ? »

À ces mots, sans rien contester,
Nos ombres baisseront la tête ;
Et, docile pour m’écouter,
Chacune aussitôt sera prête.

Je dirai que vos yeux pourroient tout enflammer,
Et, comme ceux d’Hélène, armer toute la terre ;
Mais vous aimez mieux la charmer,
Que la désoler par la guerre.