Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/215

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Madame, à quoi pensez-vous ? Qu’allez-vous faire ? Vous allez donner à vos ennemis des raisons invincibles contre vous, et ôter à vos amis tout moyen de vous servir. Vous allez réveiller, par cette nouvelle course, la faute assoupie de toutes les autres ; vous allez ruiner tous les intérêts que vous avez, et que vous pourrez avoir en votre vie. Mais comment se montrer, dites-vous, après l’étrange malheur qui vient d’arriver ? Mais comment se cacher, vous répondrai-je, à moins que de vouloir faire un crime d’un simple malheur ? Il est certain que notre méchant procédé tourne en faute les infortunes. Vous l’éprouverez, Madame : si l’obscurité de votre retraite est continuée plus longtemps, chacun vous fera les reproches que vous paroissez vous faire, et vous serez condamnée par mille gens qui sont présentement dans la disposition de vous plaindre.

Mais que vous est-il arrivé, Madame, qui n’arrive assez communément ? Je pourrois vous alléguer des beautés modernes, qui ont souffert la perte de leurs amants avec des regrets fort modérés, si je ne gardois pour vous un plus grand exemple. Hélène, moins belle que vous, et après vous la plus belle qu’ait vu le monde : Hélène a fait battre, dix ans durant, les dieux et les hommes, plus glorieuse de ce qu’on faisoit pour elle, que honteuse de ce