Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/232

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accusée : pour ceux d’une autre nature, vous n’en avez point ; ou en tout cas :

Le charme des beautés leur tient lieu d’innocence.

Tant qu’il n’arrive aucun changement à ce beau visage, les plus sévères vous sont obligés des moindres égards que vous voulez avoir pour la vertu : mais ces privilèges ne sont que pour vous, Madame ; un vieux pécheur comme moi doit avoir des pensées austères sur la nécessité d’une conduite réglée, et sur l’affreuse condition de l’avenir. Aussi le dessein de ma retraite m’est-il venu d’un certain esprit de dévotion, inspiré heureusement aujourd’hui à tous nos François : je me suis ressenti du mérite édifiant de la conversion des uns, et de la sainteté exemplaire des autres. C’est par cette disposition secrète que j’ai suivi le triste conseil de mettre un temps entre la vie et la mort : c’est par elle que je me suis détaché du plus grand charme de ma vie, qui étoit la douceur de votre entretien, pour me réduire à moi-même, et me trouver en état de pouvoir cesser de vivre avec moins de tendresse et de regret. Quand je n’aurai plus à faire qu’à l’amour propre, connoissant le peu que je vaux, je ne serai pas fort embarrassé à me quitter.

Ajoutez à des considérations si épurées, qu’il y a des saisons de plaire, et alors on ne sauroit