Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/253

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venir de la manière dont il a tout dissipé. Triste condition à Mme Mazarin d’avoir à souffrir la dissipation de ses richesses ! plus triste d’avoir toujours le dissipateur devant les yeux ! Voilà comment se passoient les malheureuses journées de Mme Mazarin : elle attendoit le repos des nuits, qui ne se refuse pas aux misérables, pour suspendre le sentiment de leurs maux ; mais ce soulagement n’étoit point pour elle. À peine ses beaux yeux étoient fermés, que M. Mazarin, qui avoit le diable présent à sa noire imagination, que cet aimable époux éveilloit sa bien-aimée pour lui faire part… vous ne devineriez jamais, Messieurs, pour lui faire part de ses visions nocturnes. On allume des flambeaux, on cherche partout ; Mme Mazarin ne trouve de fantôme que celui qui avoit été auprès d’elle dans son lit. Sa Majesté fut traitée plus obligeamment ; elle eut la confidence des révélations, des lumières divines que le commerce ordinaire de M. Mazarin avec le ciel lui avoit données. Le monde est pleinement informé des révélations ; et puisque M. l’avocat a fait tant valoir de dévotion qui a mérité cette grâce, je vous supplie, Messieurs, d’avoir la patience d’en écouter quelques effets : ils sont singuliers et dignes de votre attention.

Dans le temps que M. Mazarin recherchoit