Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/255

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avec avantage par accommodement : il répondit à ceux qui le proposoient, que notre Seigneur n’étoit point venu au monde pour y apporter la paix ; que les controverses, les disputes, les procès étoient de droit divin, et les accommodemens d’invention humaine ; que Dieu avoit établi les juges, et n’avoit jamais pensé aux arbitres : ainsi, qu’il étoit résolu de plaider toute sa vie, et de ne s’accommoder jamais ; parole qu’il a chrétiennement gardée et qu’il gardera toujours.

La pudeur ne me permet pas, Messieurs, de vous expliquer le sujet de son voyage en Dauphiné, pour consulter M. de Grenoble : je vous dirai seulement qu’on n’a jamais entendu parler d’un cas de conscience si extraordinaire, ni d’un scrupule si tendre et si délicat4.



4. « Après ces mots : Ni d’un scrupule si tendre et si délicat, M. de Saint-Évremond avoit ajouté à la marge de mon exemplaire : Il n’eut pas moins d’horreur de l’inceste, qu’il en avoit eu de la simonie, sur un cas de conscience inconnu jusqu’alors aux casuistes les plus éclairés. Ensuite, n’étant pas content de cette addition, il l’effaça. Et en effet, comme il plaidoit la cause de Mme Mazarin devant ses juges, il n’étoit guère possible de leur expliquer ce nouveau genre d’inceste ; mais peut-etre qu’il y auroit de l’affectation à ne pas le faire entendre, dans un commentaire. Voici donc le fait, en deux mots. Le marquis de Richelieu ayant demandé en mariage la fille de M. Mazarin, celui-ci se ressouvint qu’étant jeune, il avoit eu des habitudes de non-conformité avec le duc de Richelieu, son père, et il s’imagina que leurs enfants se trou-