Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/373

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aurez imaginé, quand vous verrez une personne si admirable.

Ouvrages de la fantaisie,
Fictions de la poésie,
Dans vos chefs-d’œuvres inventés,
Vous n’avez rien d’égal à ses moindres beautés.
Loin d’ici figures usées,
Loin, comparaisons méprisées :
Ce seroit embellir la lumière des cieux,
Que de la comparer à l’éclat de ses yeux.
Belle grecque, fameuse Hélène,
Ne quittez point les tristes bords
Où règne votre ombre hautaine :
Vous êtes moins mal chez les morts,
Vous ne souffrez pas tant de peine
Que vous en souffririez, à voir tous les trésors
Que nature, d’une main pleine,
A répandus sur ce beau corps.
Quand le ciel vous rendroit votre forme première,
Que vos yeux aujourd’hui reverroient la lumière,
À quoi vous serviroient et ces yeux et ce jour,
Qu’à vous en faire voir qui donnent plus d’amour ?
Vous passez votre temps en vos demeures sombres,
À conter aux nouvelles ombres,
Amours, aventures, combats ;
À les entretenir là-bas
De la vieille guerre de Troie,
Qui sert d’amusement au défaut de la joie.
Mais ici que trouveriez-vous
Qui n’excitât votre courroux ?
Vous verriez devant vous des charmes,
Maîtres de nos soupirs et de nos tendres larmes ;