Page:Œuvres mêlées 1865 III.djvu/386

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mêmes yeux que je vous ai vus ; ces yeux par qui je connoissois toujours la nouvelle conquête d’un amant, quand ils brilloient un peu plus que de coutume, et qui nous faisoient dire :

Telle n’est point la Cythérée, etc.2.

Vous êtes encore la même pour moi ; et quand la nature, qui n’a jamais pardonné à personne, auroit épuisé son pouvoir à produire quelque altération aux traits de votre visage, mon imagination sera toujours pour vous cette Gloire de Niquée, où vous savez qu’on ne changeoit point. Vous n’en avez pas affaire pour vos yeux et pour vos dents, j’en suis assuré : le plus grand besoin que vous ayez, c’est de mon jugement, pour bien connoître les avantages de votre esprit, qui se perfectionne tous les jours. Vous êtes plus spirituelle que n’étoit la jeune et vive Ninon.

Telle n’étoit point Ninon,
Quand le gagneur de batailles3,
Après l’expédition
Opposée aux funérailles,
Attendoit avec vous, en conversation,
Le mérite nouveau d’une autre impulsion.



2. Malherbe, dans l’Ode à la reine, mère du roi, sur sa bienvenue en France.

3. Le duc d’Enguien. Voy. l’Élégie à Mlle de Lenclos, sup., t. II, p. 525.